Une paire de vases monumentaux en granit rose

Une paire de vases monumentaux en granit rose
montés en bronze doré, posés sur ses colonnes en granit rose
du début de l’époque Louis XVI – vers 1770-1775
Un vase avec tous les bronzes dorés du début de l’époque Louis XVI, vers 1770-1775
L’autre avec les guirlandes de laurier du début de l’époque Louis XVI, vers 1770-1775,
les autres bronzes rapportés au XIXe siècle
Les contre-socle des colonnes en marbre noir ornés d’un tore de laurier en bronze doré
du début du XIXe siècle
Hauteur totale : 190 cm Largeur des vases : 54 cm
Provenance :
Galerie J. Kugel, Paris, 2007
Collection Al Thani, Hôtel Lambert, vente Sotheby’s Paris, le 11 octobre 2022, lot N°83
Bibliographie :
J.-L. Gaillemin, Antiquaires. The Finest Antique Dealers in Paris, New York, 2000, pp. 86-87.
Bibliographie comparative:
H. Ottomeyer and P. Pröschel, Vergoldete Bronzen: Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizimus, Munich, 1986, volume I, page173-3.5.5
P. Kjellberg, Objets montés du Moyen-Âge à nos jours, Paris, 2000
C. Baulez, ‘Le marquis de Marigny, le comte d’Angiviller et le goût des amateurs de porphyre à Paris au XVIIIe siècle’, in Porphyre, la pierre pourpre des Ptolémées aux Bonaparte, exh. cat., Paris, Musée du Louvre, 2003, pp. 152-162.
L’intérêt pour l’association du bronze doré et des pierres dures, culmine sous l’époque Louis XVI. Les pierres datant de l’Antiquité, comme le porphyre et le granit Egyptien sont trés recherchés par les amateurs, comme le duc d’Aumont. Il dirige “les Menus-Plaisirs du Roi” l’organisme officiel chargé des cérémonies et des festivités de la cour, qui aura une influence majeure sur les arts décoratifs. Mais les coûts et les difficultées rencontrées pour se procurer des pierres Antique ont conduit les Menus-Plaisirs à rechercher des sources locales, en 1768 des filons ont été découverts prés de Remiremont dans les Vosges.
Le duc d’Aumont commanda à l’architecte François-Joseph Bélanger plusieurs dizaines de dessins qui devaient servir au doreur Piere Gouthière selon un marché passé contactuellement le 19 novembre 1770 entre le bronzier et son noble commanditaire. En 1774 il présenta un traité manuscrit sur les marbres antiques “considérés tant à l’égard de leur formation que relativement à la manière de les travailler et aux lieux ou ils se rencontrent”
“ des marbres tendres et de ceux que nous possédons ou (il fait) voir que nous avons dans nos provinces une partie des marbres que les Grecs et les Romains allaient chercher dans la Haute Egypte et que les porphyres et les granits se trouvent chez nous dans l’Alsace, que nous possédons des carrières immenses et que cette matière est parfaitement de la même nature que celle dont nous avons des fragments d’antiquité” (Baulez, cité page 160)
C’est un fait que la France, depuis 1768 pouvait espérer être moins tributaire des ressources marbrières de l’Italie et de leur mise en oeuvre. “la découverte précieuse des granits,jaspes, serpentines et porphyres…” Un des principaux gisements se trouvait à Giromagny, sur les terres de la duchesse de Mazarin, la propre nièce du duc d’Aumont.
Dans les années 1780, les catalogues de ventes aux enchéres indiquent que les vases en pierre extraits de carrieres française étaient appréciés par de grands collectionneurs.
La vente de la collection du financier Grimod de la Reynière en 1797 comprenait les lots N°81 et N°82 deux paires de vases dans la “belle matière”de granit des Vosges imitant le granit rose oriental. Le premier de ces lots, comme pour nos vases avaient des montures en forme d’enfants tenant des guirlandes de laurier.
Le modéle de la monture en bronze doré représentant une demi-figure d’un garçon au ventre rebondi, tenant des guirlandes de laurier dans ses bras levés apparait dans un dessin d’applique à deux bras de lumières attribués au sculpteur et ciseleur Jean-Louis Prieur (1732-1795) (Illutré dans Ottomeyer et Pröschel, page 173 N°3.5.5) Le dessinateur et graveur Jean-François Forty (actif vers 1775-1790) a repris également des figures d’enfants similaires.