Encrier formant candélabre a deux lumières en porcelaine polychrome de Meissen

Encrier formant candélabre a deux lumières en porcelaine polychrome de Meissen
Bronze doré d’époque Louis XV, vers 1740-1745
Le bateau en porcelaine dure de Meissen du XVIIIème siècle

 

Hauteur : 37 cm. (14 ½ in.)     Largeur : 32 cm. (12 ½ in.)     Profondeur : 27,5 cm. (10 ¾ in.)

 

Bibliographie comparative :

Drouot l’Art et les Enchères 1984-1985, p. 163, pour un encrier similaire en porcelaine de Meissen, puis vente De Baecque et Associés, Drouot, Paris, le 13 octobre 2021, lot 376.

 

Le rôle des marchands-merciers dans la création des objets ornes de porcelaine de Meissen

Dans les arts décoratifs, le grand raffinement du XVIIIe siècle français pour la décoration intérieure résulte d’une étroite collaboration entre les marchands-merciers et un véritable réseau d’artisans parisiens détenteurs d’un savoir-faire jamais égalé.

Sous le règne de Louis XV à Paris, la puissante corporation des marchands-merciers invente sans cesse de nouveaux objets d’art de très grands luxes destinés à une clientèle fortunée avide de pièces uniques et d’un goût novateur. Ces rares objets ornés de porcelaine de Saxe sont de magnifiques témoignages de l’imagination sans limite des marchands-merciers français. Ils sont de véritables « designers » et concepteurs, car ils ont l’idée d’associer les techniques de bronze doré à la porcelaine de Meissen, dont la production connaît un véritable engouement chez les grands amateurs dans la première partie du règne de Louis XV.

La mode des objets d’art constitués de fleurs perpétuelles poussa bientôt les marchands-merciers à développer des pendules, des fontaines, des candélabres ou des petits bougeoirs, des pots-pourris, des cages à oiseaux, des lustres, des lanternes, des écritoires…

Très vite, quelques marchands réputés se firent une spécialité de ce type d’articles ornés de délicates fleurs de porcelaine de Saxe, puis de fleurs de la toute jeune manufacture française de Vincennes-Sèvres.

L’un d’eux Michel-Joseph Lair (1732-1759) installé rue du Roule à l’enseigne Le Roy des Indes, était marchand « privilégié et faïencier du Roy ». Au moment de son décès, de nombreux éléments en porcelaine de Saxe composaient le stock de sa boutique, tout comme plusieurs pendules ornées « d’un mouvement de montre » avec feuillages et « figures de porcelaines de Saxe ».

À la même période, un autre marchand faïencier aussi installé rue du Roule, Edme Choudard-Desforges, faisait le « commerce de la porcelaine de Saxe ». L’inventaire de son magasin dressé en décembre 1759, recense quantité de porcelaines de Saxe dont certaines richement montées, et quelques pendules supportées par des sujets variés en porcelaine.

Installé rue Saint-Honoré, Jacques-François Machart (actif de 1744 à 1763) jouissait d’une clientèle prestigieuse et présentait dans sa boutique d’élégants objets d’art en porcelaines de Saxe magnifiquement montés en bronze doré. Machart faisait travailler les meilleurs ateliers de bronziers et de doreurs parisiens.

Enfin, Lazare Duvaux (vers 1703-1758) est assurément le plus célèbre marchand-mercier parisien établi rue Saint-

Honoré à l’enseigne Chagrin de Turquie. Il comptait parmi ses clients le roi Louis XV (1710-1774) ou encore la marquise de Pompadour (1721-1764), toute la haute aristocratie et le milieu des puissants financiers. Son commerce était prospère

et les achats de ses multiples clients sont connus grâce au livre-journal « du marchand bijoutier ordinaire du Roy ».

Vincent Bastien

Docteur en histoire de l’art