Paire de vases couverts en porcelaine sang de bœuf

Une paire de vases en porcelaine rouge de cuivre, montée en bronze ciselé et doré
d’époque Louis XV, vers 1750

Le bronze attribué à Jean-Claude Chambellan Duplessis (1699-1774)

La porcelaine de Chine du XVIIIème siècle 

Hauteur : 35 cm    Largeur : 32,5 cm

 

Provenance :

Alfred Charles de Rothschild (1842-1918), Halton House, Buckinghamshire; par descendance Lionel Nathan de Rothschild (1882-1942), Exbury House, Hampshire ; par descendance Edmund Leopold de Rothschild (1916-2009), vendu à Alexander and Berendt Ltd, Londres, jusqu’à janvier 1975, vendu à Juan de Beistegui (1930-2017)

 

Inventaires :

Knight, Frank & Rutley, Halton. Schedule of Furniture, etc., [1918] The Rothschild Archive, Londres, 000/174C/3 Christie’s, The Estate of Alfred de Rothschild Esq. Deceased. Halton House, Tring, [1918 et 1919]. The Rothschild Archive, Londres, 000/174C/4

 

Bibliographie comparative :

Guilhem Sadde, ‘Jean-Claude Duplessis, « La liberté du style rocaille »’, L’Objet d’Art, No 392 (juin 2004), pp. 42-51. 
Un vase couvert en laque du Japon reprenant à l’identique les mêmes bronzes à l’exception du couvercle se trouve dans la Royal Collection, reproduit dans J. Ayers, Chinese and Japanese Works Of Art In the Collection of Her Majesty The Queen, vol. III, Londres, 2016, pp. 974-975, No 2168. Un vase couvert en céladon, dont la base reprend à l’identique ceux de nos vases se trouve dans la Royal Collection, reproduit dans J. Ayers, op. cit., vol. II, Londres, 2016, pp. 502-503, No 1273. 
Une paire de vases en porcelaine de Chine céladon, avec une monture identique, à l’exception de la base sont illustrés dans De Versailles à Paris, Destin des Collections Royales, cat. exp. Paris, Centre Culturel du Panthéon, 1989, p. 290 (collection particulière)

Cette magnifique paire de vases couverts, chacun à l’origine des bouteilles Chinoise sang de bœuf de la fin du XVIIème, qui ont été coupés et montés à Paris vers 1750. Ils sont présentés dans une audacieuse monture en bronze doré de style rocaille alors en vogue à l’époque, formé d’agrafes, feuillages d’acanthe et rinceaux. Les couvercles amovibles ornés de bouquets de fleurs sont flanqués d’anses pour les soulever. L’attribution à Duplessis Père repose sur les motifs stylistiques typique de son travail, donnant à ses montures une forme animée de la base au sommet. Cette cohérence témoigne d’une grande maitrise technique irréprochable.

 

Provenance Rothschild :

Souvent négligé au profit de son cousin Ferdinand (plus connu pour les collections exposées à Waddesdon Manor), le goût distingué d’Alfred de Rothschild lui permis de constituer l’une des plus importantes collections d’art décoratif français du XVIIIème siècle à la fin de l’ère Victorienne. A la mort de son père Lionel, en 1879, Alfred hérita d’une maison de ville située à Seamore Place, ainsi que d’un domaine du Buckinghamshire à Halton, ou il construisit immédiatement un château somptueux. En 1884, Halton House achevé, le marchand de Bond Street, Charles Davis, fût engage pour réaliser un catalogue richement illustré, avec des photographies réalisées par Thomson de Grosvenor Street. Halton a été photographié à plusieurs reprises entre cette date et jusqu’en 1892. Comme ces vases ne figurent ni dans le catalogue de Davis, ni dans aucune des photographies ultérieures, ils ont dû faire partis des nombreuses acquisitions importantes effectuées par Alfred au cours des trois dernières décennies de sa vie.

Les recherches dans les archives Rothschild à Londres ont permis de localiser leur emplacement à Halton dans les inventaires après décès d’Alfred en 1918. Dans le premier inventaire, réalisé par Knight, Frank et Rutley, ces vases sont répertoriés dans la salle Bronzino : Vases globulaires rouge-orange, montures en bronze doré, anses à volutes, sur socles dorés, 13 po.. Ils sont décrits plus en détail dans l’inventaire suivant de Christie’s : Une paire de bols et couvercles Chinois en sang-de-bœuf, montés avec des bagues, poignées et bases en bronze ciselé et doré d’époque Louis XV avec des branchages et feuillages, d’une valeur de 400£. La salle “Bronzino” de Rothschild a été nommée ainsi pour son portrait en trois quarts par le maniériste Florentin. Elle servait de fumoir et était meublée de bronzes, objets d’art et d’autres porcelaines montées.

En janvier 1918, à la mort d’Alfred, ses collections sont divisées. Almina, sa fille naturelle et plus tard, la Comtesse de Carnarvon, a retrouvé le contenu de Seamore Place, tandis que son neveu Lionel a reçu celui de Halton.

A la mort de Lionel en 1942, le domaine d’Exbury et son contenu passèrent à son fils Edmund (1916-2009). Contrairement à ses jardins d’importance nationale, les images des intérieurs d’Exbury House, n’ont jamais été diffusées en dehors de la famille Rothschild. Confronté aux droits de succession élevés d’après-guerre et à une passion persistante pour les jardins de son père, Edmund céda une grande partie des objets d’art hérités au cours des décennies qui suivirent. Les vases sont ainsi vendus au grand marchand londonien, Frank Berendt (renseignement aimablement communiqué par Adrian Sassoon). Quelques années plus tard, ils sont à nouveau vendus, cette fois à Juan de Beistegui, enrichissant ainsi les collections d’une deuxième grande famille de collectionneurs.