Page 65 - Pascal Izarn catalogue 2024
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OINE, LEMOYNE, LEMOIGNE

Jean-Jacques Lemoigne (1746-1811), reçu maitre fondeur en 1772
Une belle carrière dans le sillage des Osmond

Parmi l’élite du bronze doré de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, le souvenir de la famille Lemoigne
s’était à peu près effacé de la mémoire, ou n’en était pas sorti indemne ; jusqu’à la reconnaissance récente de deux
modèles, dont la pendule présentée ci-contre1 et une paire de candélabres signée E.L.2. Mais par suite d’erreurs
phonétiques, orthographiques ou typologiques, c’est surtout sous la forme de Lemoyne qu’elle avait évité un oubli
complet.

Pierre Verlet, dans son « Index des Bronziers parisiens » les avait omis3. Sa rubrique Lemoine (Lemoyne) n’inclut que
neuf noms parmi lesquels se cachent en fait cinq Lemoigne, dont une famille de quatre maîtres fondeurs originaires
de Canisy en Normandie. Ils avaient été attirés dans la capitale par l’exemple de Robert Osmond (1711-1789) natif
du même village et reçu maître fondeur à Paris en 17464.

En 1764, Robert Osmond plaça l’ainé de la fratrie, David Lemoigne (1743-1781) en apprentissage5 avec François
Guy (1696-† après 1773) reçu maître fondeur en 1719. David épousa en 1768 la veuve d’Étienne Lucas, un
maître fondeur issu d’une famille spécialisée dans les ouvrages domestiques, pompes et commodités diverses6 ;
étaient présents à la signature du contrat, Robert
Osmond comme ami de la famille ainsi que Jean-Jacques
Lemoigne frère cadet du futur époux et pas encore
maître fondeur ciseleur. David devint surtout fondeur
pompier, spécialisé dans la robinetterie. C’est lui qui avait
en 1766 placé son dernier frère (Sébastien) François
Lemoigne, né en 1749, auprès de Pierre Delacroix reçu
maître fondeur en 17637. Mais le jeune apprenti ne
semble pas avoir persévéré dans cette voie.

En 1764 encore, Jean-Jacques Lemoigne (1746-1811)
avait été mis en apprentissage par son aîné David auprès
de Jean-Baptiste Osmond (1742-ap. 1790)8 reçu maître
fondeur en 1762. Jean-Baptiste était surtout le neveu
et le futur associé de son oncle Robert Osmond. Jean-
Jacques Lemoigne fut reçu maître fondeur en 1772
et entama alors une belle carrière dans le sillage des
Osmond.

Ces trois frères Lemoigne étaient issus de l’union de Jean Fig. 1 – Dessin de présentation pour une pendule, vers
Lemoigne, laboureur à Canisy et de Jeanne Sauvage. 1770-1790, provenant de l’Album Saxe-Teschen
Veuf il s’était remarié avec Marie Godmer qui lui donna
deux autres fils, Pierre un futur maître paveur à Paris et Plume et encre brune et noire, pinceau et lavis gris, jaune et vert
(Jean-Pierre) Étienne, né vers 1753, apprenti en 1767 New York, Metropolitan Museum of Art (inv. 60.692.3)
avec Pierre Delacroix9, puis reçu maître fondeur en 1777.
Ainsi, dans la descendance de Jean Lemoigne, seuls
Jean-Jacques et (Jean-Pierre) Étienne laissèrent donc une
trace dans l’histoire du bronze doré. Pour se distinguer,
Étienne Lemoigne signa ses œuvres E.L.
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