Page 20 - Pascal Izarn catalogue 2022
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nt-Pétersbourg, palais d’Hiver (ЗФ-23674) Calden, Schloss Wilhelmsthal
La mode des objets d’art constitués de fleurs perpétuelles poussa bientôt les marchands-merciers à développer en plus des pendules, des
fontaines, des candélabres ou des petits bougeoirs, des pots-pourris, des cages à oiseaux, des lustres, des lanternes, des écritoires… Très
vite, quelques marchands réputés se firent une spécialité de ce type d’articles ornés de délicates fleurs de porcelaine de Saxe, puis de fleurs
de la toute jeune manufacture française de Vincennes-Sèvres.
L’un d’eux Michel-Joseph Lair (1732-1759) installé rue du Roule à l’enseigne Le Roy des Indes, était marchand « privilégié et faïencier du
Roy ». Au moment de son décès, de nombreux éléments en porcelaine de Saxe composaient le stock de sa boutique, tout comme plusieurs
pendules ornées « d’un mouvement de montre » avec feuillages et « figures de porcelaines de Saxe ». Il était l’heureux propriétaire de
l’imposante pendule aujourd’hui conservée au musée du Petit Palais à Paris, alors décrite comme : « une grande pendule en chef d’œuvre
garnie de jeu d’orgue, montée en cuivre doré et ornement de fleurs de porcelaine de Saxe, prisée avec seize figures de porcelaine de Saxe
faisant partie de son ornement », prisée la somme de 2000 livres.
À la même période, un autre marchand faïencier aussi installé rue du Roule, Edme Choudard-Desforges, faisait le « commerce de la
porcelaine de Saxe ». L’inventaire de son magasin dressé en décembre 1759, recense quantité de porcelaines de Saxe dont certaines
richement montées, et quelques pendules supportées par des sujets variés en porcelaine.
Installé rue Saint-Honoré, Jacques-François Machart (actif de 1744 à 1763) jouissait d’une clientèle prestigieuse et présentait dans sa
boutique d’élégants objets d’art en porcelaines de Saxe magnifiquement montés en bronze doré. Machart faisait travailler les meilleurs
ateliers de bronziers et de doreurs parisiens. Lors de sa faillite en 1763, plusieurs pendules présentaient des sujets en porcelaine de
Meissen, mais aucune avec un char de Bacchus.
Enfin, Lazare Duvaux (vers 1703-1758) est assurément le plus célèbre marchand-mercier parisien établi rue Saint-Honoré à l’enseigne
Chagrin de Turquie. Il comptait parmi ses clients le roi Louis XV (1710-1774) ou encore la marquise de Pompadour (1721-1764), toute la
haute aristocratie et le milieu des puissants financiers. Son commerce était prospère et les achats de ses multiples clients sont connus grâce
au livre-journal « du marchand bijoutier ordinaire du Roy ».
Plusieurs pendules plus ou moins élaborées et ornées de porcelaine de Meissen sont citées dans son livre-journal entre 1748 et 1758. L’une
fut facturée 900 livres, le 16 octobre 1749, au fermier-général Camuset : « Une pendule sur un chien de Saxe, garnie de plantes et fleurs
de Vincennes sur la terrasse et ornemens de bronze doré d’or moulu », ou encore celle délivrée à la marquise de Pompadour, le 11 juin
1751, avec un « groupe de porcelaine de Saxe, montée de terrasse et branchages dorés d’or moulu, les fleurs de Vincennes, le mouvement
simple » à 490 livres. Le 21 janvier 1754, le chevalier Lambert achetait « une pendule à terrasse et ornements dorés d’or moulu, sur un
groupe de Saxe, avec des branchages en laiton verni imitant la nature, ornée de fleurs de Vincennes très belles » pour 830 livres. Le 16
décembre 1755, Madame de Pompadour réceptionnait « une pendule sur des figures de Saxe, très ornée, montée en bronze et fleurs » pour
l’importante somme de 1800 livres.
Malheureusement pour la plupart des exemplaires connus aujourd’hui, il est souvent impossible d’identifier le marchand-mercier qui est
à l’origine de ces commandes fascinantes. Ainsi, les pendules ornées de porcelaine de Meissen ne révèlent qu’une part infime de leur
mystérieuse histoire.
Vincent Bastien
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La mode des objets d’art constitués de fleurs perpétuelles poussa bientôt les marchands-merciers à développer en plus des pendules, des
fontaines, des candélabres ou des petits bougeoirs, des pots-pourris, des cages à oiseaux, des lustres, des lanternes, des écritoires… Très
vite, quelques marchands réputés se firent une spécialité de ce type d’articles ornés de délicates fleurs de porcelaine de Saxe, puis de fleurs
de la toute jeune manufacture française de Vincennes-Sèvres.
L’un d’eux Michel-Joseph Lair (1732-1759) installé rue du Roule à l’enseigne Le Roy des Indes, était marchand « privilégié et faïencier du
Roy ». Au moment de son décès, de nombreux éléments en porcelaine de Saxe composaient le stock de sa boutique, tout comme plusieurs
pendules ornées « d’un mouvement de montre » avec feuillages et « figures de porcelaines de Saxe ». Il était l’heureux propriétaire de
l’imposante pendule aujourd’hui conservée au musée du Petit Palais à Paris, alors décrite comme : « une grande pendule en chef d’œuvre
garnie de jeu d’orgue, montée en cuivre doré et ornement de fleurs de porcelaine de Saxe, prisée avec seize figures de porcelaine de Saxe
faisant partie de son ornement », prisée la somme de 2000 livres.
À la même période, un autre marchand faïencier aussi installé rue du Roule, Edme Choudard-Desforges, faisait le « commerce de la
porcelaine de Saxe ». L’inventaire de son magasin dressé en décembre 1759, recense quantité de porcelaines de Saxe dont certaines
richement montées, et quelques pendules supportées par des sujets variés en porcelaine.
Installé rue Saint-Honoré, Jacques-François Machart (actif de 1744 à 1763) jouissait d’une clientèle prestigieuse et présentait dans sa
boutique d’élégants objets d’art en porcelaines de Saxe magnifiquement montés en bronze doré. Machart faisait travailler les meilleurs
ateliers de bronziers et de doreurs parisiens. Lors de sa faillite en 1763, plusieurs pendules présentaient des sujets en porcelaine de
Meissen, mais aucune avec un char de Bacchus.
Enfin, Lazare Duvaux (vers 1703-1758) est assurément le plus célèbre marchand-mercier parisien établi rue Saint-Honoré à l’enseigne
Chagrin de Turquie. Il comptait parmi ses clients le roi Louis XV (1710-1774) ou encore la marquise de Pompadour (1721-1764), toute la
haute aristocratie et le milieu des puissants financiers. Son commerce était prospère et les achats de ses multiples clients sont connus grâce
au livre-journal « du marchand bijoutier ordinaire du Roy ».
Plusieurs pendules plus ou moins élaborées et ornées de porcelaine de Meissen sont citées dans son livre-journal entre 1748 et 1758. L’une
fut facturée 900 livres, le 16 octobre 1749, au fermier-général Camuset : « Une pendule sur un chien de Saxe, garnie de plantes et fleurs
de Vincennes sur la terrasse et ornemens de bronze doré d’or moulu », ou encore celle délivrée à la marquise de Pompadour, le 11 juin
1751, avec un « groupe de porcelaine de Saxe, montée de terrasse et branchages dorés d’or moulu, les fleurs de Vincennes, le mouvement
simple » à 490 livres. Le 21 janvier 1754, le chevalier Lambert achetait « une pendule à terrasse et ornements dorés d’or moulu, sur un
groupe de Saxe, avec des branchages en laiton verni imitant la nature, ornée de fleurs de Vincennes très belles » pour 830 livres. Le 16
décembre 1755, Madame de Pompadour réceptionnait « une pendule sur des figures de Saxe, très ornée, montée en bronze et fleurs » pour
l’importante somme de 1800 livres.
Malheureusement pour la plupart des exemplaires connus aujourd’hui, il est souvent impossible d’identifier le marchand-mercier qui est
à l’origine de ces commandes fascinantes. Ainsi, les pendules ornées de porcelaine de Meissen ne révèlent qu’une part infime de leur
mystérieuse histoire.
Vincent Bastien
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